Outils de repérage

Usage d’alcool (les recommandations françaises)

Ne pas dépasser :

  • 14 verres standards en moyenne par semaine pour une femme
  • 21 verres standards en moyenne par semaine pour un homme
  • 4 verres standard par occasion de boire (= un repas, une fête, etc.)

Pas d’alcool du tout dans certaines circonstances :

  • la conduite automobileles
  • situations nécessitant vigilance accrue (travail, utilisation machine, etc)
  • la grossesse
  • l’enfance
  • certaines maladies, certains traitements

Au moins un jour par semaine sans alcool
Si vous vous conformez à cette consommation, vous avez très peu de risque d’avoir des problèmes avec l’alcool un jour.
Sinon, vous avez une consommation à risque

La notion de verres standard = unités standard

  • Dans la restauration, les bars, chaque consommation contient grosso modo la même quantité d’alcool (environ 10 g d’alcool pur) : en effet, les boissons les plus concentrées sont servies en plus petite quantité.

Un demi de bière à 5° correspond à un ballon de vin à 12°, une dose d’alcool fort à 40° etc, soit un verre standard soit 10 g d’alcool

Equivalence-alcool

  • Plus difficile de quantifier en dehors des cafés : il faut demander combien de bouteilles par jour ou par semaine
TYPE ALCOOL BOUTEILLE NOMBRE UNITES
Vin à 12° 75 CL 7 à 8
Champagne, vin mousseux 75 CL 7
Apéritif à 20°
(exemple : Porto, pineau…)
75 CL 12
Alcool « fort » à 40 °
(exemple : whisky, vodka, gin, eau de vie, cognac, armagnac, liqueur…)
70 CL 22 à 25
Alcool « fort » à 55 °
(exemple : rhum)
1 L 44
Bière à 5° 25 CL 1
33 CL 1,5
Bière « fortes » à 10° 50 CL 4

Quantifier en nombre de verres standard par jour, par semaine, par occasion de boire.
C’est approximatif, bien sûr, mais efficace.

Comment interroger un patient sur ses consommations

Principe général

L’interrogatoire sur les consommations d’alcool doit être systématique :

  • Lors de tous nouveaux patients
  • Régulièrement (une fois par an) chez les patients en suivi régulier
  • Lors de situations pouvant évoquer l’alcool: fatigue, troubles psychiques et du sommeil, fatigue, troubles digestifs, HTA, surpoids…

Il est fait de façon naturelle et détendue
On fait preuve d’empathie : faire sentir au patient qu’on essaye de comprendre son mode de vie et ses valeurs, sans forcément les partager bien sûr, mais sans jugement ni moralisation.

De façon très pratique

Intégrer dans les questions sur le mode de vie :

  • Commencer par le régime alimentaire
    • « Suivez-vous un régime ? » si oui « lequel ?»
  • Puis par le tabac : conseil minimum« Fumez-vous? »
    • Si oui « avez-vous l’intention d’arrêter ? » (si non-stop)
  • Puis par l’alcool :
    • « Qu’est-ce que vous consommez comme boissons alcoolisées ? ». (C’est ce qu’on appelle une supposition douce: je suppose que, comme « tout à chacun », vous consommez des boissons alcoolisées, je trouve cela normal. Passe beaucoup mieux que : est-ce que vous buvez de l’alcool, question fermée qui incite à dire non ou comme tout le monde, ce qui ne veut rien dire.)
    • Nommez bière, cidre, vins, autres alcools
    • Aux repas? En dehors des repas? Le week-end?
    • Différencier consommation habituelle et inhabituelle (« vous arrive-t-il de boire plus? »)
    • Quantifier en verres standard par semaine, maximum par occasion de boire et fréquence éventuelle d’alcoolisation ponctuelle importante (6 verres ou plus par occasion de boire)
    • Technique d’exagération: faire une proposition manifestement surévaluée: « vous me dites que vous buvez du vin à chaque repas. Au total cela correspond à quoi? deux bouteilles? oh non, docteur, pas plus d’une par jour »
    • En cas de consommation possiblement ou manifestement à risque, rajouter les trois dernières questions du QUESTIONNAIRE FACE:
      « Votre entourage vous a-t-il déjà fait des remarques au sujet de votre consommation d’alcool? »
      « Avez-vous déjà eu besoin d’alcool le matin pour vous sentir en forme ? »
      « Vous arrive-t-il de boire et de ne plus vous souvenir ensuite de ce qui vous avez pu dire ou faire ? »
      Si une réponse positive, creuser en recherchant les critères diagnostiques de la dépendance

Puis les autres produits

Vous est-il déjà arrivé de consommer du :

  • Cannabis
  • héroïne
  • cocaïne
  • autres ?
  • d’abuser de médicaments (somnifères tranquillisants anti douleurs)

Si oui, quantifier.

Puis les addictions sans produits (en cas de mise en évidence préalable de problèmes psychologiques ou d’addiction aux produits)

Technique d’atténuation de la honte: « certaines personnes décrivent qu’ils ont des comportements qu’ils ne contrôlent plus, comme jouer à des jeux d’argents, acheter des choses inutiles alors qu’ils n’ont pas les moyens, avoir des troubles de l’alimentation, avoir des relations sexuelles de façon inappropriée . Est-ce que ceci vous est déjà arrivé ? »
QUESTIONNAIRE AUDIT

Les définitions

Usage : Comportement de consommation du produit qui n’entraîne pas de risques (ou très peu de risque)
Usage à risque : La consommation n’entraîne pas de problème, mais pourrait en entraîner :

– Conduire alcoolisé peut entraîner des accidents, le handicap voire la mort
– Boire de trop régulièrement peut aboutir à des maladies, des problèmes sociaux ou psychologiques
– Boire pendant la grossesse peut entraîner des malformations ou des séquelles comportementales

Mais peut exister et s’éteindre sans jamais avoir eu de conséquences : variabilité individuelle
Usage nocif : La consommation chronique entraîne des conséquences négatives, qu’elles soient psychologiques, sociales ou somatiques (le patient n’est pas conscient du lien entre consommation et conséquence), mais il n’y a pas de dépendance.
Usage avec dépendance :
Perte de contrôle : consommations répétées malgré les conséquences négatives et la volonté du sujet, impossibilité répétée à gérer ou arrêter ses consommations
Manque : sensation désagréable, négative, quand on ne consomme pas de la substance (« envie » ou « besoin »)
Centration : la vie de la personne tourne de plus en plus autour du produit
Les critères diagnostiques de la dépendance : Au moins trois dans les 12 mois précédents

  • Craving : désir puissant ou compulsif d’utiliser le produit
  • Difficultés à contrôler l’utilisation du produit (début ou interruption de la consommation ou niveaux d’utilisation)
  • Poursuite de la consommation du produit malgré la survenue de conséquences nocives (le sujet étant conscient des conséquences)
  • Abandon progressif d’autres sources de plaisir et d’intérêts au profit du produit, et augmentation du temps passé à se procurer du produit, la consommer, ou récupérer de ses effets.
  • Syndrome de sevrage physiologique quand le sujet diminue ou arrête le produit :
  • syndrome de sevrage caractéristique du produit
  • utilisation du produit (ou d’une substance apparentée) pour soulager les symptômes de sevrage
  • Mise en évidence d’une tolérance aux effets du produit : le sujet a besoin d’une quantité plus importante pour obtenir l’effet désiré